Sur les terres oubliées des Petites Iles de la Sonde
Sur les terres oubliées des Petites Iles de la Sonde
La place Jemaa el Fnâ s’anime encore plus au coucher du soleil, la nuit lui appartient depuis cette année 1062 où le premier souverain almoravide Youssef ben Tachfin décida d’y faire sa capitale
Le minaret de la Koutoubia qui domine la place Jemaa el Fna et les montagnes enneigées du haut-Atlas
La place Jemaa el Fna
On ne sait même pas vraiment d’où vient son nom, et ce mystère est un charme de plus.
C’est la place la plus connue au monde avec la Concorde et la « piazza » Saint-Marc à Venise. Il est vrai qu’elle a eu un attaché de presse remarquable, un certain Winston Churchill qui – quand il n’était pas occupé à sauver le monde – passait des heures dans la tour de la Mamounia à peindre « le plus beau paysage de la planète ».
Il y avait même fait monter le podagre Franklin D. Roosevelt, en fauteuil porté par quatre robustes G. I., pour qu’il comprenne enfin ce qu’était « l’absolue beauté ».
Winston avait fait venir la presse, et les images avaient fait le tour du monde.
Ceci n’est pas une anecdote, c’est un formidable coup de projecteur. Mais la place existait bien avant Winston.
La place Jemaa el Fna à la tombée du jour: les lampes à pétrole éclairent de manière théâtrale les lieux de réunion; gargotes mobiles, cuisines ambulantes, ustensiles et fourneaux fumants invitent à s'asseoir dans des vapeurs de cumin, de thé à la menthe et des odeurs de friture.
C’est d’ailleurs plutôt une sorte de port en pleine terre pour des « marins » venus des montagnes et des vallées apprécier comment va le monde, échapper un instant à la solitude du paysan en terre aride, se tenir informé de la vie quotidienne. Pour des marchands qui flairent toujours la bonne affaire, pour des artisans qui exposent leurs produits.
Les auditeurs forment demi-cercle autour du marchand d'illusion, absorbent ses phrases avec une attention hypnotique, s'abandonnent pleinement au spectacle: onomatopées simulant le galop, mugissements de bêtes sauvages, hurlement des sourds, fausset des vieillards,, vociférations de géants, sanglots: parfois, il interrompt sa narration au moment crucial et une expression inquiète se peint sur les visages des enfants médusés.
Ahmed, le devin , il travaille depuis plus de cinquante ans sur la place, il a commencé avec son père et fait de la divination avec un faucon.
Les cartomanciennes, elles, sont là pour rassurer puisque le pouvoir des cartes, des « écritures » qui échappent forcément aux touristes, est de proposer une solution et de promettre des jours meilleurs. C’est vrai dans toutes les civilisations !
Vrai lieu de vie qui échappe aux intermittents du tourisme.
Maxi-place pour mini-théâtre ; une commedia dell’arte permanente pour les montagnards.
Brahim et sa troupe de musiciens et de travestis "l'Haouz de Marrakech". huit musiciens et trois travestis. Les musiciens travaillent depuis 30 ans sur la place et les travestis sont remplacés pratiquement chaque année.
Même la boxe devient un jeu. Chaque jour, vers 17 heures, des « combats » se jouent, avec de vrais gants, certes, mais le ring est formé uniquement par les spectateurs. Boxe spontanée, sans danger, car si l’un des combattants est vraiment malmené, le match s’arrête aussitôt puisque le clown qui organise et veille transforme le drame en farce : c’est lui qui tombe K.-O. et déclenche les applaudissements. C’est donc bien la foule qui délimite le territoire du rire. Et fournit les acteurs.
Ainsi va la place, terre des hommes. Ceux qui passent trop vite ne retiennent souvent que quatre choses : les serpents, les singes, les femmes qui décorent les corps au henné, et les restaurants sous les quinquets. Mais le reste, l’essentiel, appartient aux Marocains depuis que le sultan Abd el-Moumen a fait construire la plus grande enceinte de son temps. La place ne se vide qu’à l’aube. Pour quelques minutes. Ailleurs, la ville est déjà réveillée : comme New York,
Marrakech est une ville qui ne dort pas.
Lahcen, le montreur de singes, il a été un compagnon de découverte de la place, m'a présenté tous les acteurs de cette place et traduit les mots chuchotés à mon passage.
Souini, le charmeur de serpent, il travaille depuis 50 ans sur la place, il était magicien puis il s'est rendu à pied à Rabat pour obtenir l'autorisation de s'installer sur la place. Il s'est fait mordre plusieurs fois.
Mohamed , charmeur de serpents et manipulateur de scorpions. Son père lui a enseigné le maniement des scorpions. Il fait la récolte pour l'institut Pasteur de Rabat. Les anti-venins, c'est grâce à lui !!
Hassan, transes et mutilations. Il se met en transes sur la musique jouée par mustapha à la flute et Brahim au bendir. Il s'enfonce des couteaux dans les lèvres, se perce les joues avec les pointes , boit de l'eau bouillante. Tradition de la Jilala.
Hassan, un autre charmeur de serpents
Abdelmalek, le charmeur de serpents, travaille sur la place depuis 30 ans, n'a jamais été mordu et travaille avec des cobras, des vipères à cornes, vipères des sables et des couleuvres
Hassan s'enfonce également des couteaux dans les orbites, le cauchemar d'un photographe !!!
Ce vieux gnaoua a joué avec les Rolling Stones et Jimmy Hendrix quand ils venaient à Essaouira pour se détendre. Il avait gardé précieusement une photo dans son portefeuille dont il était très fier.
Porteur d’eau. Grâce à Lhacen, j’ai découvert le gîte de cette corporation, dans ce qu’on appellerait en France un minuscule bistrot, avec un zinc de poche qui ne sert que du coca et du thé.
C’est là qu’ils vivent, mangent et dorment. Ils sont encore une quinzaine, jadis indispensables, aujourd’hui beaux comme des cartes postales colorisées.
Membres d’une très ancienne corporation, ils sont devenus des emblèmes : ils échappent au temps.
Le public n’est pas admis, ils le rencontreront au grand soleil, proposant aux assoiffés ces gobelets de cuivre tellement bien astiqués qu’on dirait de l’or.
Il existe donc encore une quinzaine de porteurs d'eau à Marrakech qui pour quelques centimes distribuent de l'eau. Leur activité s'enrichie le soir venu quand les bendirs des charmeurs de serpents retentissent annonçant les flots de touristes auprès desquels ils se font photographier contre monnaies.
Après quelques jours passées sur la place, les porteurs d'eau m'ont invité à partager un de leur repas dans un gîte qui leur est réservé,en bordure de la place.
Ahmed, le devin en conversation avec son faucon, compagnon de divination.
Mohamed Cherkaoui, le maître des pigeons, connu sous le nom de Rgul ou de l'homme au narguilé, il est l'un des plus connu des conteurs du Maroc
Visage de légende des Mille et une nuits. Samira, orpheline de son père à trois ans, elle n'a jamais été à l'école, elle aide sa mère à s'occuper de ses quatre frères et soeurs. elle a seulement appris la cuisine et travaillait dans les rues enfant a vendre des colifichets aux touristes. Elle est à peine tolérée sur la place pour orner les mains de henné
Pour me faire accepter sur la place Jemaa el Fna en dehors d'autorisation officielle,
j'ai du passer quelques tests.!!!
Cracheur de feu sur la place Jemaa el Fna